Le syndrome sec Gougerot – Sjögren ou Zao Bi

Introduction

Dans ma pratique de médecin traditionnel chinois, j’ai été confrontée à plusieurs reprises à des patients atteints de cette maladie méconnue qu’est le syndrome sec ou syndrome Gougerot – Sjögren ou encore Zao Bi en médecine traditionnelle chinoise, une maladie compliquée, insidieuse et pouvant avoir des complications graves.

Un cas pratique réel . . .

Tel était le cas de cette patiente suivie en cabinet privé de mai 2013 à juin 2016 où je démontre la complémentarité entre les médecines occidentale et traditionnelle chinoise, ainsi que l’impact conséquent et positif de mon intervention tout en considérant comme prioritaire, les mesures allopathiques.

Et surtout, je relève que le rôle de la MTC ne se limite pas seulement à palier aux effets secondaires de la médication allopathique, mais participe de manière substantielle à stopper l’évolution de la maladie.

Dans mon travail complet, je parcours en détail les séances de mon cas pratique et explique l’approche allopathique avec ses effets secondaires, ainsi que la théorie fondamentale de la Médecine Traditionnelle Chinoise, qui m’a permis d’établir le fil rouge de mon traitement et les actions qui en découlent.

Si vous êtes intéressé de recevoir une copie de mon travail complet vous trouverez sa table des matières et toute autre information utile en bas de cet article.

. . . dont voici le résumé :

Commençons avec la patiente

En mai 2013 se présente à mon cabinet Madame X. 50 ans, mariée, 2 enfants adolescents, profession cadre juridique.

Notre patiente est suivie par un médecin généraliste, depuis 2010, pour un syndrome de Sjögren caractérisé essentiellement par des connectivites, sécheresse buccale et oculaire. Le traitement était constitué de Méthotréxate.

Ce dernier est interrompu et remplacé sur ordonnance d’un pneumologue par de l’Imurek associé à des stéroïdes, du Bactrim (anti-infectieux) et du Calcimagon, car les examens ont mis en évidence :

  • un syndrome réticulo-intertitiel sur fond de verre dépoli de localisation sous pleurale des deux cotés,
  • une alvéolite mixte éosinophilique et lymphocytaire

associés à la maladie de Gougerot – Sjögren.

Le syndrome Gougerot - Sjögren selon la médecine occidentale

Définition

Maladie auto-immune entraînant une inflammation progressive, des muqueuses aboutissant à une sécheresse, puis à une destruction des tissus glandulaires. Elle peut impliquer d’autres organes.

Syndrome Sjögren primaire

  • Maladie indépendante

Syndrome Sjögren secondaire

  • Polyarthrite rhumatoïde
  • Lupus
  • Thyroïdite
  • Les maladies hépatobiliaires chroniques.
  • Maladies coeliauqes

  • Rare : maladie de crohn ; anémie de Biermer, myasthénie grave

Etiologie

  • Production d’auto-anticorps (SSA, SSB)
  • Corrélation étroite avec l’antigène HLA B8 et DR3 (forme primaire)

En médecine occidentale, on ne connaît pas vraiment la cause de cette maladie, mais on pense à une éventuelle origine Virale.

Et on a constaté que certains médicaments induisent le syndrome sec:

  • Psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques)
  • Antihistaminiques
  • Antiparkinsoniens
  • Beta (+alpha) bloquants
  • Opiacés

Epidémiologie

Survient à tout âge, mais typiquement entre 50-60 ans

Touche ~1 % de la population

Et concerne surtout des femmes ( 9 femmes pour 1 homme )

Symptôme principal – Sécheresse

  • Sécheresse oculaire invalidante > 3 mois
  • Sécheresse buccale >3 mois
  • Autres atteintes

Atteinte oculaire

Diminution de la production des larmes, entraînant une atteinte potentielle de la cornée et également de la conjonctive.

Les symptômes selon l’augmentation de la sévérité

  • Sensation de corps étranger, prurit
  • Inflammation des paupières
  • Douleur
  • Atteinte cornéenne
  • Atteinte de la vision

Atteinte buccale

Diminution de la production de salive

Symptômes:

  • Bouche sèche
  • Salive filante
  • Reflux gastrique
  • Difficultés à avaler
  • Muguet buccal
  • Caries dentaires
  • Perte de dents

Autres atteintes:

Atteinte des glandes salivaires

Glandes salivaires douloureuses et tuméfiées

Atteinte des articulations

Raideur matinale, douleurs articulaires migratoires (50%), inflammations et gonflements articulaires,

Atteinte cutanée et muqueuses

  • Peau sèche, prurit
  • Phénomène de Raynaud (35%)

et dans la sphère Uro-génitale :

  • douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunie)
  • infections urinaires à répétitions

Atteinte pulmonaire ( comme notre patiente )

Le poumon est d’ailleurs une localisation privilégiée de la maladie.

  • la Sécheresse des bronches et voies aériennes
  • toux sèche, modification de la voix
  • difficultés à respirer
 

Fatigue sévère ( 70% )

Troubles de l’humeur

Troubles du sommeil

Les complications

Cette maladie peut évoluer vers des complications telles que

  • tuméfactions récidivantes des parotides
  • La diminution de la sécrétion des glandes exocrines (du nez, de la gorge et de la peau) peut aboutir à leur atrophie (sébacées et sudoripares)
  • hypochlorhydrie gastrique
  • pneumonie interstitielles, bronchiolite oblitérante
  • acidose rénale tubulaire, néphrite interstitielle
  • polynévrite sensitive, méningite aseptique
  • Vasculite
  • purpura
  • Lymphome
  • 5-10% des patients (parotide)

Les traitements allopathiques pour le syndrome sec

Traitement de la sécheresse oculaire

Pour diminuer le traumatisme mécanique du à la sécheresse

  • Larmes artificielles
  • Gel ophtalmique

Traitement de la sécheresse buccale

Stimuler la sécrétion salivaire

  • Chewing-gum sans sucre
  • Gelbuccal : ex. Aldiamed

Traitement pour la sécheresse nasale

Spray nasal :

  •  liquide physiologique (0.9%)

Crèmes / onguents :

  • Bépanthène crème nasale, Rhinogen

Traitement pour l’arthralgie

Antalgique, corticothérapie

Immunosuppresseurs

En cas d’atteinte systémique, articulaire ou d’organe

  • Plaquénil® (Hydroxychloroquine)
  • Méthotrexate
  • Imurek® (Azathioprine)

Atteinte sévère, systémique ou d’organe

  • Mabthera® (Rituximab)

Les problématiques pour soigner cette maladie

  • les médecins de famille ont peu de connaissance de cette pathologique
  • le diagnostique n’est pas facile à poser et souvent retardé de plusieurs années en raison de la variabilité de la présentation clinique et de la progression insidieuse de la maladie.
  • son évolution qui peut se compliquer d’atteinte pulmonaire, neurologique ou rénale.
  • le risque important de développement d’un lymphome
  • la prise en charge dispersée entre différents spécialistes, nécessitant une bonne communication et coordination des soins
  • cette maladie est perçue à tort comme «bénigne»

Revenons à notre patiente

Les plaintes de la patiente

Elle se plaint de :

Sibilance respiratoire depuis plusieurs mois, oppression sternale, toux irritante, nez obstrué et sec avec écoulement postérieur perannuel, fausses routes sur sécheresse buccale, yeux et peau sèche, selles sèches, règles abondantes cycles 20-22 jours, extrémités froides, petites fissures aux bouts des doigts, asthénie.

Il faut dire aussi que cette dame subit une pression importante tant dans sa sphère professionnelle que privée.

Les objectifs thérapeutiques

Les objectifs thérapeutiques sont ceux formulés par la patiente !

C’est-à-dire qu’elle souhaite être suivie en complément à son traitement allopathique. Malgré ce traitement, elle ressent toujours une sécheresse chaude constante et désagréable.

D’autre part, elle est informée sur les effets secondaire de la cortisone et de l’Imurek et elle redoute les effets hépatotoxiques sur le long terme.

Mon intervention sera d’éviter au mieux ces désagréments.

Cependant, elle ne souhaite pas de phytothérapie, car elle ne veut pas risquer une quelconque interaction avec la prescription allopathique.

Nous convenons d’une séance par semaine pour des raisons d’emploi du temps de la patiente.

Le diagnostique

Après avoir procéder à l’anamnèse selon les quatre points du diagnostique chinois (interrogation, auscultation, observation et palpation), j’ai mis en évidence le syndrome de Zao bi causé par l’excès de chaleur sécheresse qui lèse le Qi et le Yin du poumon

Avant de détailler la démarche thérapeutique, selon la MTC que j’ai appliqué tout au long des soins, je vais exposer brièvement le syndrome sec selon la médecine chinoise.

Le Zao Bi selon la médecine traditionnelle chinoise

Définition

Selon la MTC, cette maladie appartient à la catégorie syndrome obstruction Bi de la sécheresse Zao. Il s’agit d’une maladie de sécheresse associée à une maladie de Bi

Comme les symptômes de cette maladie, sont la manifestation de la sécheresse de plusieurs organes. (bouches, nez, yeux, peau, muqueuses).

En même temps que la sécheresse, nous avons des manifestations comme des articulations gonflées et douloureuses.

Ce qui exprime un manque de circulation à cause d’un blocage.

  • Le méridien est bloqué
  • L’énergie et le sang ne peuvent plus circuler et la douleur apparaît.

La stase de sang provoque le gonflement.

Étiologie

Obstruction Bi

Cette maladie est causée par:

  • Le vide de Yin et l’insuffisance de liquide organique Jin Ye

Les causes de la lésion des liquides organiques sont:

  • Les six énergies perverses agressent le corps humain.
  • Les émotions lèsent l’interne et provoquent des maladies.

Sur le long terme le vide du Yin provoque une lésion du Yang

Nous aurons alors un vide de Yin et du Yang en même temps (yin yang lian xu)

Suite à cela une situation plus grave peut se manifester comme:

  • stase de sang
  • blocage de crachats
  • chaleur vide

La circulation des méridiens est alors bloquée, les articulation, les tendons, les os ne sont plus nourris correctement.

Des douleurs et gonflements aux articulations apparaissent (Bi)

Ce qui exprime un manque de circulation à cause d’un blocage.

  • La circulation du méridien est bloqué
  • L’énergie et le sang ne peuvent plus circuler, la douleur et le gonflement. apparaissent.

Ce qui est du à

  • un blocage de crachats
  • une stase de sang
  • une chaleur vide

Tous ces éléments nous indiquent l’obstruction Bi

Les femmes

Les femmes sont plus facilement atteintes par cette maladie, car elles appartiennent au Yin. Il est dit: «Le Yin est la racine des femmes» et la sécheresse lèse le Yin.

La physiologie

Dans la physiologie, la production, le transport et la transformation des liquides organiques ont de relations avec les cinq organes et six viscères; par conséquent dans la pathologie, la sécheresse est forcément la manifestation de la lésion des cinq organes et six viscères.

Voici quelques exemples:

  • Les yeux sont l’ouverture du foie, les tendons sont dirigés par le foie, humidifiés et nourris par le sang et le Yin du foie.
  • La peau, le nez, les poils sont dirigés par le poumon. Il assure également la voie supérieure des eaux.
  • Le Cœur est lié à la langue, il dirige le sang
  • La rate est liée avec la bouche et produit la salive fluide (Xin). Elle fait croître le Qi et le sang, elle transporte et transforme les liquides organiques.
  • Le rein dirige le métabolisme de l’eau, il est à l’origine de la salive épaisse (Tou), de l’Essence et du Yin primordial.

Selon la variation des degrés de l’atteinte, les manifestations peuvent aller de la simple sécheresse des muqueuses à des ulcérations, de l’engourdissement de la peau ou des muscles à des courbatures jusqu’à des douleurs invalidantes et des gonflements

Les causes de la maladie

1. L’insuffisance de l’inné

Cette maladie a des relations étroites avec la constitution physique des patients qui ont :

  • un vide de Yin et excès de Yang, dès qu’ils attrapent le Xie, il se transforme facilement en chaleur sécheresse (comme notre patiente)
  • un vide de Yang, en contractant cette maladie, auront un vide du Yang de la rate et du rein qui ne peuvent transporter et transformer les liquides.

2. Agression par la sécheresse toxique

Un blocage de la chaleur toxique qui brûle les liquides et se transforme en sécheresse toxique peut subvenir suite à :

  • l’agression de l’énergie perverse externe de la sécheresse – chaleur .
  • une exposition professionnelle à soit des substances nocives soit une situation nocive. (comme notre patiente)
  • la prise de médicaments sur le long terme.

3. Blocage de crachats et stase de sang

Dans le processus de l’évolution de cette maladie soit :

  • la sécheressechaleur peut léser le liquide Jin ye et provoque des crachats Tan
  • la sécheressechaleur peut léser le Yang Qi. Le vide de Yang Qi ne permet plus aux liquides d’être transportés et diffusés et cela provoque des crachats Tan yin.

Puis

  • linsuffisance de liquide rend le sang plus épais. Il ne peut circuler normalement
  • le vide de l’énergie ne donne pas la force au sang pour qu’il circule normalement.

Les deux dernières évolutions entraînent la stase du sang Xue xu.

Diagnostique et traitements

En fonction des symptômes, on peut classifier le Zao Bi en quatre syndromes principaux.

1. Excès de sécheresse toxique

La bouche et les yeux sont secs et rouges, sensation d’un objet qui frotte à l’intérieur des yeux. Les gencives saignent, le visage est rouge et chaud. La langue présente des fissures, sensation de sécheresse avec douleur.

Règle de traitement

Purifier la sécheresse, désintoxiquer, rafraîchir le sang, nourrir le Yin.

2. Vide de Yin et insuffisance de liquide

La bouche et la gorge sèches, aggravé la nuit. Les yeux secs, très peu de larmes, la vue trouble. Amaigrissement, bouffées de chaleur, langue rouge, peu ou sans enduit comme un miroir.

Règle de traitement

Nourrir le Yin, faire croître le liquide, humidifier la sécheresse, disperser la chaleur.

3. Vide du Yang et blocage de liquide

Fatigue invalidante, crainte de froid, membres froids, langue pâle avec marques des dents.

Règle de traitement

Chauffer la yang, tonifier le Qi, humidifier la sécheresse, diffuser l’énergie.

4. Blocage de crachats et stase de sang

Bouche et yeux secs, couleur noire autour de yeux, desquamation, douleur bien localisée, langue violette, terne ou avec points violets.

Règle de traitement

Dissoudre les crachats, supprimer la stase, faire circuler le sang et le lever le blocage.

Prévention

La prévention est très importante en MTC, car elle peut permettre de

  • renforcer une constitution physique défaillante,
  • de ralentir l’évolution de la maladie
  • ou d’éviter d’éventuels traitements plus astreignants.

Nous pouvons donner des conseils en diététique.

Conseiller de pratiquer des activités sportives douces.

Nous pouvons également proposer une prévention par les plantes et je donne comme exemples :

  • en cas de vide du Yin de la rate et l’estomac : l’ordonnance Yu nu jian
  • en cas de sécheresse du gros intestin : l’ordonnance Liu wei di huang wan

Retour au cas pratique

Le traitement adopté

1ère séance - Établir la règle de traitement pour traiter la cause

Grâce à la théorie fondamentale, nous pouvons définir la règle de traitement du syndrome mis en évidence qui est je le rappelle l’Excès de chaleur sécheresse qui lèse le Qi et le Yin du poumon

La Règle de traitement correspondante est :

Purifier la chaleur, humidifier la sécheresse, nourrir le Yin et tonifier l’énergie du poumon.

J’établis cette règle comme le fil rouge de toutes mes interventions, car elle traite la cause.

. . . et quelques conseils diététiques

Je donne, également, quelques conseils diététiques: boire moins de café (la patiente boit dix café par jour), éviter le piment, manger de la nourriture plutôt humide, comme soupe, ragoûts, pot au feu, manger des poires, car elles purifient la chaleur du poumon.

2e séance - Améliorations et nouveau symptomes

A la 2ème séance, au niveau des symptômes, une nette amélioration est constatée pour ce qui est de la fatigue, la sensation de sécheresse et la toux.

Cependant, la patiente avait commencé depuis plus d’une semaine le nouveau traitement de son pneumologue qui consiste au départ:

  • cortisone Prédnisone 40 mg/jour;
  • Imurek 50mg/jour
  • Bactrim 1 caps trois fois/semaine. Le Bactrim est un anti-infectieux indiqué en cas d’infections opportunistes.

De ce fait, elle présente de nouveaux symptômes: des douleurs d’estomac avec des brûlures, nausées, ballonnements, pas d’appétit, sommeil agité avec réveils fréquents et se sent très fatiguée. Un enduit jaune au centre de la langue. Le pouls est tendu.

Je constate que les nouveaux symptômes font bien partie des effets secondaires de la médication suivie, cumulés au stress quotidien de la sphère privée et professionnelle.

Je refais l’anamnèse selon les quatre points du diagnostique chinois et je mets en évidence le syndrome de Dysharmonie du foie et de l’estomac.

La règle de traitement étant de détendre le foie, harmoniser l’estomac. J’adapte le traitement à ce syndrome tout en suivant le traitement de la cause (qui est d’humidifier la sécheresse, faire croître les liquides afin de nourrir le Yin.)

La suite des traitements

Par la suite, j’ai toujours conservé une ordonnance de base et adapté ponctuellement les traitements en fonction des changements de médication et de la situation personnelle.

Au bout de trois ans, la médication allopathique a été réduite à 1mg/jour pour la Prédnisone et 50mg/jour pour l’Imurek (l’Imurek a été augmenté jusqu’à 250mg/jr) sans qu’il y ait de nouveau symptômes pulmonaires liés au syndrome Sjögren.

Pour que cette situation réjouissante perdure, nous avons maintenu des séances correctives.

Ce qui est encore le cas aujourd’hui.

Bilan final de ce cas pratique

En définitive, et malgré les cautèles qui m’ont été imposées, à savoir :

  • 1 seule séance hebdomadaire
  • pas de soutien avec la phytothérapie
  • une vie familiale et professionnelle de la patiente induisant un stress important et constant

jai atteint mes objectifs, à savoir :

  • les effets secondaires des médicaments ont été contrés ou diminués
  • les symptômes liés, au Zao Bi ou syndrome sec, sont maîtrisés
  • et la situation clinique a été stabilisée avec une médication allopathique réduite au minimum.

Mon travail complet  peut être obtenu au prix de SFr. 50.- sous forme de polycopié en m’envoyant un courriel avec vos coordonnées.

La table des matières est la suivante :

191111 Etude de cas Zao Bi Table des matières

 

La Dépression soignée par acuponcture

Définition

La dépression est un état pathologique caractérisé par une humeur triste et douloureuse associée à une réduction de l’activité psychomotrice.

Dans son usage familier, le terme de dépression peut recouvrir des états très divers allant du simple « passage à vide » à des troubles psychiatriques plus sévères.

Causes

De nombreuses dépressions apparaissent à la suite d’un événement pénible. Comme par exemple : deuil, abandon conjugal, licenciement, etc. ou toute autre expérience telle que : passage de l’enfance à l’adolescence, de l’âge mûr à la sénescence, échec ou même succès. Ces expériences demandent au sujet de s’adapter à une nouvelle situation. De telles dépressions sont parfois désignées comme réactionnelles.

Une dépression peut aussi être déclenchée par une maladie physique tel qu’un accident vasculaire cérébral, hépatique, etc., un bouleversement hormonal (suite d’accouchement) ou dérèglement endocrinien (hypothyroïdie).

Dans certains cas, le syndrome dépressif apparaît en liaison avec une évolution névrotique ou psychotique.

Enfin, certaines dépressions très graves, comme la mélancolie (psychose caractérisée par une douleur morale intense), peuvent avoir une cause partiellement héréditaire. On parle dans ce cas de dépression endogène.

Symptômes et signes

Les traits spécifiques des troubles dépressifs sont à la fois psychiques et physiques. Ils atteignent leur maximum d’intensité en fin de nuit ou en début de journée. Au plan psychique, le sujet est d’humeur triste avec perte des motivations, auto dépréciation, difficulté à se concentrer, peur de l’avenir, anxiété.

La souffrance morale peut l’amener à envisager le suicide, d’autant plus que la sensation d’écoulement du temps semble anormalement ralentie. Les dépressifs ont en commun un sentiment inconscient de « perte d’objet » qui les amène à retourner contre eux-mêmes les reproches et l’agressivité destinés normalement contre l’objet perdu. Ceci leur donne un fort sentiment de culpabilité et d’impuissance.

Au plan physique, le dépressif peut souffrir de troubles de l’appétit, de désordres digestifs, de céphalées, de palpitations, de fragilité, d’insomnie et d’altération de la libido.

Selon la Médecine Traditionnelle Chinoise, la dépression est nommée Yu Zheng (syndrome de stagnation). La dépression est une maladie dans laquelle l’esprit humain n’est pas serein, ce qui entraîne une stagnation de l’énergie.

Dans la dynastie du Yuan (1271-1368), un grand maître, Wan An Dao, a expliqué que cette maladie est souvent causée par les émotions, qui entraînent une stagnation de l’énergie. Les manifestations sont : déprimé, agité, facilement en colère ou en pleurs, fatigué, insomnie, « noyau de prune » (sensation de boule dans la gorge), bloqué au plexus.

A la même époque, un autre grand maître Zhu Dan Xi, nous dit :

« Quand l’énergie et le sang sont abondants et circulent librement, on est en bonne santé. Dès qu’on a des émotions celles-ci perturbent la circulation de l’énergie et entraînent des stagnations alors les maladies apparaissent. »

Quand on est en proie à des émotions diverses, le mécanisme de l’énergie est bloqué. A long terme, la circulation du sang est alors aussi perturbée ; cet état provoque de nombreuses maladies.

Mécanisme et Causes

Cette maladie a des relations très étroites avec les systèmes énergétiques du Foie, du Cœur, et de la Rate ainsi que la disharmonie de l’énergie et du sang.

Elle est toujours causée par les émotions qui perturbent la libre circulation de l’énergie de tout le corps qui est assurée par la fonction physiologique Su Xie du Foie.

Le système énergétique du Foie a également une relation très étroite avec les émotions. Lorsque des circonstances extérieures sont les stimuli d’un excès d’émotions, celles-ci perturbent le Foie qui ne peut assurer sa fonction Su Xie résultant alors à une stagnation du Qi du Foie. Les manifestations sont l’oppression, noué au plexus, etc.

La relation avec le Cœur : Le Cœur dirige l’esprit et le sang, quand l’esprit est perturbé, le sang du Cœur peut-être alors lésé ; l’insomnie, les palpitations, l’oppression peuvent apparaître.

La relation avec la Rate : Le sentiment de la Rate est la pensée. Lors qu’on est en présence d’une stagnation du Qi du Foie et dans des circonstances ou il y a beaucoup d’émotions, des pensées obsessionnelles peuvent survenir perturbant alors la fonction de la Rate. Les manifestations suivantes peuvent aboutir : perte d’appétit, ventre gonflé, selles molles et collantes, lassitude.

Les deux catégories de causes

1. Syndrome de plénitude :

a. les émotions entraînent la stagnation du Qi du Foie

b. excès du yang du Foie qui se transforme en Feu et perturbe l’esprit

c. stagnation de l’énergie et accumulation de Crachats.

2. Syndrome de Vide :

a. les émotions perturbent le Shen du Cœur, consument et lèsent l’énergie du Cœur, l’esprit n’est pas clair, angoisse, tristesse, pleure facilement.

b. les pensées obsessionnelles lèsent la Rate. On perd l’appétit et la Rate ne peut faire croître suffisamment l’énergie et le sang pour nourrir le Cœur. Un vide du Cœur et de la Rate apparaissent en même temps.

c. La stagnation de l’énergie du Foie qui perdure la circulation du Qi et se transforme en Feu, lèse le yin provoquant un vide du Yin et un excès de Feu en même temps.

Au début de cette maladie, on est souvent en présence, soit d’une stagnation, soit d’excès de Chaleur ou d’accumulation de Crachats qui appartiennent tous au syndrome de plénitude.

Puis, si la maladie devient chronique, ces pathologies de l’énergie finissent par léser le sang et les syndromes de vide apparaissent.

Diagnostique différentiel et traitement

Les émotions sont donc la cause initiale de cette maladie. Elles perturbent le mécanisme de l’énergie : déprimé, oppressé, soupirs fréquents, pas d’appétit.

Le traitement consiste à régulariser en premier lieu la circulation de l’énergie. Si la maladie devient chronique le traitement consiste à renforcer l’énergie et nourrir le sang.

Syndrome de plénitude

a) La stagnation de l’énergie du Foie

Manifestations : déprime, humeur cyclothymique, soupirs fréquents, sensation de douleur et gonflement des hypocondre, noué au plexus, ventre gonflé, pas d’appétit, pour les femmes : règles irrégulières, enduit blanc fin, pouls tendu.

Il faut détendre le Foie régulariser l’énergie, supprimer la stagnation

b. stagnation de l’énergie qui se transforme en feu

Manifestations : nervosité, oppression, acidité, barbouillé, bouche sèche, goût amer, constipation, maux de tête, yeux rouges, sifflements d’oreilles, langue rouge enduit jaune, pouls tendu.

c. stagnation de l’énergie et accumulation de crachats

Manifestations : noyau de prune, oppression, le patient a de la peine à respirer, douleurs des hypocondres, enduit blanc ni, pouls tendu glissant.

Syndrome de vide

a. vide de l’énergie du Cœur

Manifestations : esprit distrait, agitation, tristesse, pleurs faciles, lassitude, langue pâle enduit blanc fin, pouls tendu fin

b. vide du Cœur et de la Rate

Manifestations : pensées obsessionnelles, tristesse facile, palpitations, angoisse, insomnie, perte de mémoire, visage sans éclat, vertiges, lassitude, pas d’appétit, langue pâle, pouls fin faible.

c. vide du yin et excès de feu

Manifestations : vertiges, palpitations, insomnie, agitation, colère facile, perte séminale, courbature lombaire, règles irrégulières, langue rouge sans enduit, pouls fin rapide.

Le pouls chinois – Mai Zen

La prise du pouls chinois est l’une des quatre méthodes du diagnostic de la médecine traditionnelle chinoise présentées pour la première fois par le Dr. Bian Que. Ces quatre méthodes sont l’observation, l’auscultation, l’interrogation et la palpation.

A l’étude exhaustive de la palpation nommée qie zhen appartient non seulement la prise du pouls, mais elle comprend également la palpation de la poitrine, de l’abdomen, des membres, ainsi que de toutes les parties du corps concernées par la maladie.

La palpation du pouls est l’étape majeure de l’examen clinique. Elle permet de recueillir les informations sur l’évolution de la maladie, la nature et la localisation du facteur pathogène, l’état des organes et viscère zang fu, du yin et du yang.

L’énergie de la poitrine zong qi contrôle l’impulsion et la régularité du rythme cardiaque; l’énergie de l’estomac wei qi constitue la part fondamentale d’un pouls sain; l’énergie de l’estomac est le reflet de l’abondance de l’énergie et du sang du corps humain, car elle est la source des nutriments qui produisent l’énergie et le sang pour l’ensemble des organes, des viscères et de tous les tissus du corps. Pour ces raisons, l’activité des organes et viscères imprime au pouls des caractéristiques spécifiques.

La pratique de la prise du pouls sur l’artère radiale (au niveau du poignet) date du « Classique des difficultés » Nan Jing. Auparavant, le pouls se prenait sur neuf artères différentes ; trois sur la tête, trois sur les mains et trois sur les jambes ; représentant respectivement l’état de l’énergie et du sang des trois réchauffeurs (parties du corps) supérieur, moyen et inférieur.

Cette façon de prendre les pouls est décrite dans les « Question simples » Suwen chapitre 20 « traité des trois distinctions et neuf emplacements » des règles canoniques de la médecine traditionnelle chinoise du Huang di nei Jing, en français « Classique interne de l’empereur jaune » datant de 700 av. J.C..

Ces emplacements sur lesquels on prenait le pouls correspondent tous à des points d’acuponcture situés près des artères et répartis en trois zones principales qui font référence à la division classique de l’univers en trois aspects : ciel, terre et homme.

Cette première méthode a été progressivement remplacée par la prise de pouls au poignet cunkou .Le Huang di nei jing, tout en ne donnant aucune explication sur la classification des positions du pouls cunkou, lui attache une très grande importance : « Cunkou est utilisé pour détecter l’état fonctionnel des cinq organes et six viscères, car cunkou se situe sur le méridien du poumon. Celui-ci a son origine au réchauffeur moyen qui est la source de la circulation du qi et du sang des douze méridiens»

Il faut attendre le Classique des difficultés Nan jing pour voir apparaître les premières bases fondamentales de cette théorie : « …Il y a trois positions, le pouce cun, la barrière guan, le pied chi et neuf régions qui peuvent être superficielles, intermédiaires et profondes. La position distale (supérieure) correspond au ciel et reflète les maladies de la partie comprise entre la poitrine et la tête, la position moyenne correspond à l’homme et reflète les maladies de la partie comprise entre le diaphragme et l’ombilic, la position proximale (inférieur correspond à la terre et reflète les maladies de la partie comprise entre l’ombilic et le pied. »

D’autres systèmes médicaux traditionnels ont développés et enrichi la technique cunkou. Nous citerons le Mai jing Classique des pouls du Dr Wang shu he, datant de la dynastie des Jin. Dans ce traité, le Dr. Wang shu he répertorie avec détails, explications et caractéristiques vingt-quatre pouls. Par exemple, il nous dit : « le pouls tendu ne peut être senti avec une pression légère, il est cependant comme une corde tendue d’un instrument de musique quand la pression est forte. » La fameuse étude du pouls Pin hu mai xue du Dr. Li shi zhen durant la dynastie des Ming, complète la classification à vingt sept pouls. En ajoutant le pouls vif Ji le Dr. Li Zhong Zi dans son livre Zen Jia Zheng yan de 1642 porta le nombre à vingt huit. Ces vingt huit pouls pathologiques servent encore de référence de nos jours.

Caractéristique du pouls chinois

La médecine traditionnelle chinoise considère que le corps humain est composé de cinq organes et de six viscère zang fu, de méridiens, d’os, de vaisseaux sanguins, de muscles, de tendons, de cinq organes des sens et de différents orifices.

Selon la théorie des cinq éléments, tous les organes et tissus sont classifiés en cinq systèmes : le système du cœur qui se compose du système de l’intestin grêle qui a une relation interne – externe avec le système du cœur, du méridien du cœur, des vaisseaux sanguins, de la langue, etc. ; le système du poumon inclue le poumon, le gros intestin qui lui est lié par une relation interne – externe ainsi que son méridien, la peau, le nez, etc. ; le système de la rate comprend la rate, l’estomac pour sa relation interne – externe, son méridien, les muscles, les lèvres, etc. ; le système du foie inclue le foie, la vésicule biliaire pour sa relation interne – externe, son méridien, les tendons, les yeux, etc. ;et enfin le système de rein qui contient le rein, la vessie pour sa relation interne – externe, son méridien, les os, les oreilles, etc.

Les cinq organes ont pour fonction d’emmagasiner l’essence qi (ging qi) qui est un terme général pour toutes les substances nutritives et nécessaires à l’activité fonctionnelle des organes et des tissus du corps humain. L’essence qi conservée dans les cinq organes est la substance fondamentale, ainsi on considère le cinq organes zang comme étant le centre du corps humain. Dans chacun des cinq systèmes, l’essence qi est différente ce qui implique que les organes et tissus des différents systèmes ont des fonctions différentes.

Les cinq systèmes du corps humain sont en étroite relation avec la nature. Le système du foie correspond à la saison du printemps et au point cardinal de l’est, le cœur à l’été et au sud, la rate au long été (saison située entre l’été et l’automne) et se trouve au centre, le poumon à l’automne et l’ouest, le rein à l’hiver et au nord.

Le pouls tout en étant normal, peut changer sous l’influence des saisons ; le corps humain pour se maintenir en bonne santé doit donc s’adapter au changements saisonniers.

Au printemps, le yang qi de la nature croît, de même la tension du pouls augmente et le pouls tendu apparaît. L’été, étant la saison la plus chaude de l’année, provoque l’exubérance du yang qi dans la nature ; le pouls se remplit et le pouls vaste se présente ; en automne, le yang qi de la nature commence à décliner progressivement, de même le yang qi du corps humain qui soutenait le pouls décline. Le pouls devient alors souple, léger et superficiel comme les plumes d’un oiseau. En hiver, la saison la plus froide, le yang qi se cache profondément, ainsi toute chose dans la nature perd momentanément sa vitalité, de même, le yang qi du corps se cache à l’intérieur profondément dans le corps et ainsi le pouls devient lui aussi profond et dénote peu de force.

Tant que les changements de pouls correspondent aux changements de saisons le pouls est considéré comme normal.

Le pouls change également avec l’âge. Les enfant ont un pouls plus rapide : sept à huit battements par respiration. Progressivement, avec l’âge, le pouls devient faible et dur, car la constitution physique s’affaiblit et les vaisseaux sanguins perdent de leur élasticité.

Egalement selon le sexe, le pouls est différent. Le pouls des femmes est plus faible et plus rapide que celui des hommes. Les femmes ont des changements physiologiques tels que les menstruations, la grossesse, l’allaitement que les hommes n’ont pas. Par exemple, si un pouls glissant et rapide apparaît à la position pouce cun, barrière guan, et pied chi, des deux poignets d’une femme mariée, cela peut signifier une grossesse. Une grande quantité de sang et de qi est sollicitée vers l’utérus pour nourrir le fœtus, ainsi le sang et le qi sont plus abondants dans les vaisseaux qu’en temps ordinaire.

Le pouls est également influencé par la constitution physique. Le Dr. Zang Jing yue dans son Jing yue quan shu : «Les changements physiologiques du pouls sont très importants. Certaines personnes peuvent avoir un pouls plus long que la normale, tandis que d’autres auront un pouls plus court ; les premiers peuvent appartenir à la constitution de type yang, les seconds de type yin ». De manière générale, on peut dire qu’une personne de grande taille peut avoir un pouls long, une personne de petite taille un pouls court, une personne mince un pouls légèrement superficiel et rapide, une personne enrobée un pouls plus profond. Enfin, un pouls qui apparaît profond et fin sur les trois positions cun, guan, chi. sans aucun signe de maladie est appelé le pouls des six yin, tandis que le pouls qui est plein et large sur les six positions est le pouls des six yang.

Les émotions peuvent également changer le pouls, car la circulation du sang est étroitement liée aux différents états émotionnels. Le Haung di nei jing nous dit : « Le pouls change avec les émotions telles que la peur, la terreur et la colère. » Une grosse colère atteint le Foie et peut léser le qi du foie ce qui fait apparaître un pouls tendu. La terreur peut léser le rein et son qi peut descendre et le pouls profond ou remuant peut survenir. Les soucis ont un impact sur le poumon, son qi peut être consumé et le pouls court apparaît.

Tant que les changements du pouls apparaissent temporairement et qu’aucune autre manifestation clinique ne s’ajoute, ils ne sont pas considérés comme pathologiques.

Les pouls pathologiques et leur signification

La Médecine Traditionnelle Chinoise différencie vingt huit pouls pathologiques classés selon des critères de profondeur, longueur, vitesse, force, rythme et forme. Cette façon de classer les pouls permet de reconnaître les structures de base des différents pouls ce qui rend plus aisé leur détermination lors du diagnostic clinique.

Nous vous donnons ici quelques exemples de chaque critère de classification.

Le pouls selon son niveau (profondeur) :

Les pouls sont répertoriés selon trois niveau : le niveau superficiel, le niveau moyen et le niveau profond.

Le pouls superficiel Fu se distingue en posant à peine les doigts sur la peau et c’est donc un pouls qui se trouve dans le premier niveau. Il est également appelé Mao Mai « le pouls des poils ». Le livre Mai Jing nous dit : « le pouls superficiel est ressentit fortement lorsqu’on met légèrement les doigts sur la peau, si on appuie plus fort, on ne le sent plus. » Le livre Nan Jing nous explique : « Le pouls superficiel circule au-dessus des muscles et des chaires. »

Ce pouls correspond aux maladies causées par les facteurs pathogènes externes (Biao Bing). Selon les saisons, l’énergie perverse Xie sera de nature différente alors le pouls superficiel aura des nuances également différentes. En hiver, le Vent-Froid agresse le corps humain, le pouls est alors superficiel et serré. Les symptômes adjacents sont : le rhume ou/et la toux, céphalée, crainte de froid, fièvre, courbature. En été, le Vent- Chaleur est l’énergie perverse dominante, le pouls apparaît superficiel et rapide.

Le pouls profond Chen se détermine lorsqu’on appuie les doigts fortement jusque contre l’os et dès que l’on relâche la pression, on ne le sent plus. Le Nei jing le nomme également Shi « la pierre » : « Il est comme une pierre que l’on jette dans l’eau et qui descend au fond »

Ce pouls du troisième niveau correspond aux maladies internes (Li Bing) et dues au Froid, comme par exemple les oedèmes. Ceux-ci apparaissent lors d’un Vide du Yang. La Rate qui a pour fonction physiologique de transporter et transformer l’humidité ne peut le faire et le Rein ne peut assumer le métabolisme de l’eau, le pouls est alors profond.

Le niveau moyen est un niveau didactique dans lequel on place le critère de la forme du pouls décrit ci-dessous.

Le pouls selon son amplitude (longueur):

Le pouls plein Shi est un pouls grand, fort et long. On le ressent sur tous les niveaux.

Ce pouls appartient aux maladies de plénitude comme par exemple la lymphangite. La stagnation de l’énergie Qi et du sang Xue se transforme en chaleur. Le patient a une sensation de chaud, une induration érythémateuse et douloureuse de la peau apparaît, le pouls est plein.

Le pouls selon sa vitesse :

Dans le livre Nei Jing, il est écrit : « Quand on met les doigts sur le pouls, on sent le pouls qui va très vite. » Il s’agit du pouls rapide Shuo, il se caractérise par cinq pulsations pour une respiration.

On trouve ce pouls lors de pathologies d’Excès de Chaleur, comme par exemple la dysenterie causée par la Chaleur-Humidité. La Chaleur stimule la circulation de l’énergie Qi et du sang et le pouls devient rapide. Les autres symptômes sont des maux de ventre, de la fièvre, une sensation de soif, un besoin imminent d’aller à selles et des ténesmes.

Le pouls paisible Huan est considéré à quatre pulsations pour une respiration. Il est le pouls des maladies causées par l’Humidité. Mais, il peut aussi être un pouls physiologique que l’on rencontre souvent en fin d’été.

Le pouls lent Chi se détermine à trois pulsations pour une respiration, il est le pouls des maladies causées par le Froid interne.

Le pouls selon sa force :

Le pouls faible Ruo est selon le Mai Jing : « …un pouls très mou, profond et fin, en appuyant, on ne sent presque rien sous les doigts. » C’est le pouls des maladies de Vide.

On le retrouve par exemple lors de gastrite chronique par Froid-Vide de la Rate et de l’Estomac. Il est alors accompagné par les symptômes de douleur épigastrique sourdes, d’inappétence, de vomissements de liquides claires, de diarrhées, de selles molles, de maux de ventre et d’un état général altéré.

Le pouls selon son rythme :

Dans cette catégorie, nous avons le pouls interrompu Dai. Le Mai Jing, nous le définit ainsi : « Le pouls Dai a une pause, il ne peut pas revenir immédiatement.»

Ce pouls correspond à l’épuisement de l’énergie Qi et des organes. Le Suwen, nous dit : « Epuisement de l’énergie, le pouls est Dai ». Par exemple, lorsqu’un patient a des palpitations et des douleurs au cœur et si le pouls est interrompu Dai, il s’agit d’un Vide de l’énergie du Cœur. Dans ces cas, il y a des risques d’infarctus.

Le pouls selon la forme :

Le pouls glissant Hua roule librement sous les doigts, il est comme « les perles qui roulent sur les feuilles de nénuphars. ».

Un pouls glissant se rencontre lors d’une indigestion, par exemple. Cette pathologie est accompagnée d’un ventre gonflé et éventuellement de nausées, de vomissements, d’une mauvaise haleine, d’inappétence et soit de diarrhée, soit de constipation.

Le nombre de symboles représentant les pouls utilisés en Médecine Traditionnelle Chinoise était initialement de 38. Ils ont été réduits à 33 il y a mille ans environ, puis à 28 symboles différents utilisés encore aujourd’hui.